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634 UN DEBAT : LES MENTAUTSS COLLECTlVES 4

de rituel on a eu besoin & ce qu’il parait de ąuatre ćlćments indispensables, sayoir : le cheval, le cheyaJier, Ie chien, le gibier. !Nous ne croyons pas que ce soit un pur hasard le fait qu’& 1’origine de la crćation de 1’Rtat Moldave on trouve la Ićgende de la « descente de cheval»(desc&lecare). Rien ne manque de 1’ancienne symbolique du rituel de chasse : Dragos k cheval poursuit 1’aurochs accompagnć par le chien Molda. Le seul dćtail imprćvu c’est la riviere ćcumante rencontrće en chemin. Mais le fait ne surprend pas, compte tenu du role purificateur de l’eau dans la symbolique du temps l’eau ayant aussi le sens de fćconditć. La Ićgende veut que la Yalachie fut fondće toujours &la suitę d’une « descente de cheval». Mais, si c’est ainsi, le temps a probablement beaucoup altćrć l’ancienne histoire. Toute-fois les traditions ne se sont pas totalement perdues, et cela nous fait croire une fois de plus, k cótć d’autres tćmoignages historiques, k la continuitć d’une population dans 1’espace carpato-danubien, dont l’existence trćs ancienne a conservć ses croyances et ses traditions.

Le mythe de la fćconditć dćsacralisć s’est transmis jusqu’& nous sous 1’aspect de certaines coutumes telles les giocuri (une sorte de misę en scene), les ballades et les contes de fćes, la danse de la chevre, le ea-loian, le calu per, la rasilca, les rondes¹⁰; tout cela rappelle un rituel con-sacrś au soleil mais aussi le besoin d’une manifestation collective impli-quant la solidaritś d’un groupe social constituś. Ce sont les cśrśmonies religieuses, les usages et les f&tes qui donnent la yaleur k la collectiyitć; c’est un fait constatć dans les yillages ou les anciennes structures se sont maintenues jusqu’& prśsent. Aux cśrśmonies de noces et d’enterrement des vers impressionnants śyoquaient le soleil en yt hiculant ainsi, dans les deux cas, 1’idśe de la continuitć de la vie et la croyance dans un astrę pro-tecteur- La coutume persiste encore dans certaines rćgions (la Transyl-vanie, le Banat).

Le fondement le plus ancien du conte de fćes c’est le rituel d’initia-tion^ll, c’est-^-dire 1’ćpreuye par laquelle le jeune homme ćtait admis au rang des guerriers. Le thćme nous projette dans la pćriode prććtatique et ensuite jusque dans le Bas Moyen-Age quand la guerre ćtait une compo-sante essentielle de la vie; elle imposait des normes et des pratiques spć-ciales, ainsi qu’une mentalitć k yaleurs morales completement diffćrentes de celles d’aujourd’hui. Les formes qui sont dćpassćes ne peuvent plus ćtre continućes. Mais, mćme si les thómes des contes ne reflettent plus une rćalitć sociale, du point de vue artistique et ,comme effet morał ils restent des yaleurs permanentes.

Les narrations, gr3,ce k leur large circulation et aux emprunts ihhć-rents ont beaucoup de ressemblance d’un peuple k 1’autre. II existe pour-tant un spćcifique autochtone et celui-ci doit ćtre dćchiffirć. Le Prince-Charmant (Fat-Frumos) des contes roumains ne se laisse pas confondre

¹⁰ La plus ancienne repr^sentation sur le territolre de la Roumanie d'une danse rituelle aous formę de ronde datę de la pćriode nćolithkjue. (Frumuęica — le dćp. de Neamt).

^u M. Eliade, Aspecte ale miiulul, Bucure^tl, 1978, p. 188; I. Propp R&dócinlle Istorlcc ale basmului faniaslie, Bucureęti, 1973, p. 456.

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