De Coster par Rops
dans Uylenspiegel, 4.01.1857
Charles De Coster (1827-1879)
�crivain belge
Charles De Coster est n� en 1827 ą Munich oł ses parents travaillaient pour le comte Mercy
d'Argenteau, d Ochain, nonce apostolique en BaviŁre. En 1834, il perd son pŁre.
Anecdote sur Mgr. D Argenteau : Lors de son arriv�e ą Munich, Mgr. D Argenteau fit venir de
Bruxelles un couple de domestiques, le m�nage De Coster. Le 20 ao�t 1827, Madame De Coster
accoucha d un fils dans le village d Ochain, les �poux demandŁrent ą leur ma�tre de leur faire
l honneur d ętre parrain du nouveau n� et de le baptiser. C est ainsi que le petit De Coster prit le
nom de Charles, il devait devenir l illustre auteur des L�gendes flamandes et de la L�gende de Tyl
Ulenspiegel.
Rentr� en Belgique ą Ochain, trŁs jeune, il poursuit ses �tudes secondaires au CollŁge Saint-Michel.
En 1844, il entre comme employ� la Soci�t� g�n�rale. AprŁs avoir d�missionn� en 1850, il entame
des �tudes ą l'Universit� libre de Bruxelles mais ne les mŁne ą leurs termes.
A 20 ans, il fonde avec des amis une soci�t� litt�raire : les "Joyeux" pour laquelle, il �crit des piŁces
de circonstance, chanson ą boire, contes en vers,...
Il s'essaie �galement au drame historique en vers (Crescentius - 1853)
Entre 1860 et 1864, il travaille aux Archives du Royaume. A partir de 1870, il exerce comme
professeur de litt�rature et d'histoire ą l'�cole de Guerre et r�p�titeur de belles-lettres ą l'�cole
militaire.
Il fait �galement un peu de journalisme, de la critique litt�raire ou th��trale. Il contribue ą plusieurs
p�riodiques belges et notamment ą l'Uylenspiegel. Journal des �bats litt�raires et politiques (1856-
1864), une revue fond�e par F�licien Rops. Sa collaboration y prend la forme de contes et de r�cits
mais il signe �galement de nombreux pamphlets, articles politiques, sous le nom de "Karel" dans
lesquels il appara�t r�volutionnaire, admirateur de Garibaldi, et d�mocrate engag�.
En 1867, il publie son livre phare : La l�gende d'Ulenspiegel, hymne ą la libert� et profession de
libre pens�e, �crit dans une langue artistiquement archa�sante.
Il meurt pauvre et m�connu ą Ixelles en 1879.
Doc. Archives et Mus�e de la Litt�rature Charles De Coster apporta sa collaboration ą divers
p�riodiques belges et, en particulier, ą l Uylenspiegel. Journal des �bats litt�raires et politiques (1856-
1864). La revue, fond�e par F�licien Rops, devait son titre ą un personnage populaire dont les
aventures  narr�es ą de nombreuses reprises en allemand (1re �d. : 1515), en n�erlandais, en
fran�ais et dans quelques autres langues  connaissaient de nouvelles adaptations en raison de
l int�ręt que la premiŁre moiti� du 19e siŁcle portait aux r�cits populaires : Les aventures de Tiel
Ulenspiegel (Soci�t� des Beaux-Arts, 1840), Het aerdig leven van Thyl Ulenspiegel [& ] (coll. � Van
Paemel , ca 1848), etc.
C est ce h�ros � espiŁgle (l adjectif vient du nom propre) que Charles De Coster fera revivre dans
son chef-d S
uvre : La l�gende d Ulenspiegel (titre, en 1867-1868, de la 1re �d.) ou La l�gende et les
aventures h�ro�ques, joyeuses et glorieuses d Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres
et ailleurs (titre, en 1869, de la 2e �d.).
Cette S
uvre vaut par de multiples s�ductions : un riche mat�riau anecdotique dont Charles De
Coster a, de son propre aveu, trouv� l essentiel dans l Aerdig leven ; une langue archa�sante qui
stylise plus qu elle n imite celle de Rabelais ou de Marnix ; l �vocation �pique d un siŁcle sanglant
(celui de la R�forme et de la Contre-r�forme) qui a laiss� des souvenirs ind�l�biles dans les Pays-Bas
espagnols ; deux personnages hauts en couleur (Thyl et Lamme) qui, par leurs nombreux contrastes,
font immanquablement penser au couple Don Quichotte-Sancho Pansa et de puissants ressorts
narratifs : ainsi, l inscription dans une dialectique contrapuntique, d une part, de Thyl et de son pŁre
(le charbonnier Claes), d autre part, de Philippe II et de son pŁre (l empereur Charles Quint).
Plusieurs �diteurs belges l ayant actuellement ą leur catalogue, on ne trouvera pas dans l imm�diat
La l�gende sur le site de M�moire vive. On y trouvera, en revanche, un r�cit qui, par son exploitation
du fonds traditionnel et par son style (violemment) archa�sant, peut ętre r�trospectivement consid�r�
comme une � esquisse pr�paratoire ą La l�gende  il s agit des FrŁres de la Bonne Trogne (1856) 
et un recueil : Les contes braban�ons (1861).
Au reste, Charles De Coster est bel et bien l homme d un seul livre. Ses S
uvres post�rieures ą La
l�gende s avŁrent, en effet, des plus d�cevantes. C est le cas, notamment, du Voyage de noce
(1872).
Orientation bibliographique :
 Hanse (Joseph), Charles De Coster (Bruxelles : Acad�mie royale de Langue et de Litt�rature fran�aises, 1928
[r��d. (avec une Pr�face de Raymond Trousson) 1990]).
 Klinkenberg (Jean-Marie), Style et archa�sme dans la L�gende d Ulenspiegel de Charles De Coster, 2 vol.
(Bruxelles : Acad�mie royale de Langue et de Litt�rature fran�aises, 1973).
 Trousson (Raymond), Charles De Coster ou La vie est un songe. Biographie (Bruxelles : Labor, � Archives
du Futur , 1990).
La Belgique a un h�ros : Thyl Ulenspiegel
La Belgique, elle aussi, peut se pr�valoir d'avoir un h�ros folklorique national : le fameux Thyl
Ulenspiegel, appel� �galement Thyl l'espiŁgle. C'est ą Charles De Coster (1827 - 1879) que l'on doit
la renomm�e de ce personnage. Il ne l'a pourtant pas invent� de toute piŁce : dans une tradition
allemande du XVe siŁcle, le personnage de Thyl est un farceur qui se jouait des nobles et des
bourgeois. De Coster ne se contente cependant pas de reprendre la l�gende mais fait du personnage
de Thyl un h�ros r�volt� luttant pour la libert�. Ecrite en 1867, La L�gende d'Ulenspiegel est une
S
uvre exceptionnelle : m�lange de genre, de style, de tons, elle est parfaitement inclassable.
De Coster combine la fiction ą l'histoire. Il inscrit les aventures de Thyl au XVIe siŁcle pendant la
p�riode de r�sistance des Pays-Bas ą l'oppression espagnole. Le jeune Thyl, qui d�cide de venger son
pŁre injustement ex�cut�, devient le symbole de la lutte populaire. Difficile de ne pas faire un
parall�lisme entre la situation d�crite et les luttes sociales et id�ologiques de la fin du XIXe siŁcle,
p�riode ą laquelle De Coster �crit sa l�gende. Ni roman historique, ni roman r�aliste, le roman de
Charles De Coster invente une histoire remplie de p�rip�ties qu'il insŁre dans un cadre historique et
dans laquelle il inscrit ses id�es progressistes.
Mais ce n'est pas tout : son usage de la langue et du style est �galement tout ą fait �tonnant. De
Coster utilise des archa�smes. Ceux-ci permettent de faire croire au lecteur qu'il s'agit bien d'une
histoire qui se situe au XVIe siŁcle. Mais ils sont surtout le reflet de sa volont� de libert�. Il refuse
d'ob�ir aux rŁgles. Impossible alors de cataloguer une S
uvre aussi riche et dont le style est tellement
particulier.
DerriŁre les revendications politiques, les allusions historiques et la dimension sociale il y a un roman
passionnant, plein de p�rip�ties et de rebondissement avec un h�ros dot� d'une arme sans �gale :
l'humour. Mal comprise, parce qu'inclassable, la L�gende de Thyl Ulenspiegel n'a pas eu le
retentissement m�rit� lors de sa sortie. Il a fallu attendre encore quelques ann�es pour qu'on
reconnaisse le g�nie de De Coster qui, sans le savoir, a �crit une S
uvre fondatrice de la litt�rature
belge.


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