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620 UN DEBAT : LES MENTALITES COLLECTIVES 4

et eelles concenant lcs funćrailles — qui, pcmr la plupart, s’adressent non a la familie, mais aux femmes ■, le dćfunt ne pent emporter (lans la tombe plus de trois chimatia, tout comme une femme en voyage. Le biograplie ajoute nieme, a propos des usages qui lui sont familicrs, et qui sont pour 1’essentiel similaires, que ceux qui les enfreignent sont punis par les gunai-Iconomes, les «surveillants des femmes», puisqu’ils sont anandroi, sans virilite aucune, et gunaikódai, effćmines13.

Cette mort privee — eette mort a voeation fćminine 14 — trouve, eependant, a Atbenes menie, sa eontrepartie dans les funćrailles publiques honorant les citoyens tombes & la guerre. Car la cerćmonie que la eitć dćmocratique invente, au Vc sićele, pour eette circonstanee est une ceremonie politique par exeellence : l’oraison funćbre, qui en est la piece maitresse, glisse avee une rćscrve bien caru.ctćristiqne sur le fait menie de la mort des eombattants — alignes, conune pour le combat, d’apres leurs unitts et leius tribus— pour s'attarder longuement sur l’eloge de la cite en son entier, eollectivite anonyme et lieroique tran.scendant deli-bćrć ment 1’accident individuel15. Ceremonie d’liommes au plus haut degre — puisqu’elle est politique d’abord, elle oeculte, si elle ne peut ćliminer completement la presence des femmes 10; puisqu’aussi, dans le discours funćbre qui en est la piece maitresse, cette cerćmonie redit le mythe d’autocbthonie, qui raconte comment la polis imaginaire peut exister en excluant les femmes 17. Quand Platon veut demonter cette formę parti-culiere de mytbologie dćmocratique qu’est 1’oraison funćbre18, il la fait prononcer par Aspasie, prouvant ainsi que le fćminin est l’envers non seulement de la vie, mais aus»i de la « mort politique ».

13    Plut., Sol., 21. 5 ; 21. 7.

14    Voir aussi, sur un autrc plan. 1‘imagc dc la mort fćminine ct seductricc. adinirablemcnl ćvoqućc par Nicole Loraux et Laurcncc Kalm-Lyotard, s.v. Mytlies gre^s dc la mort. Dictionuairc des mtjthologies. Flammarion, Parls 1980.

16    Les ćtudes publićcs ces dernieres annćcs par Nicole Loranx (« Marathon » on 1'histoirc

tdćologiqnc, REA ; Socrate contrcpoison dc roraison funćbre. ICnjcu et significatton dn Mtnexćne, AC. LXJ1I» 1971. 172 — 211 ; HBH et ANDPEIA ; L)ci\x oerstons de la mort du combattant athć-nten. Ancicnt Soeiety. G, 1975, 1 — 31 : La « belle mort» spartiatc, Ktema, 2. 1977. 105    120 ;

Mourir deuant Troić, tomber pour Athtnes. De la gloirc du hćros ó Vtdćc dc la citć. Information sur les scicnccs sociales (SAGĘ. Londrcs ct Bevcrly Ilills) 17, 6. 1978. p. 801 — 817: Lfautocl\-tonic : une lopique athćntennc, Le mythe dans Tcspacc civique, Ann. ESC, 1979, 1. 3—2G> sont indispcnsables h 1'ćtudc des reprćscntałions fnneraires en Grćce ancicnne. En attendant le llvre de Nicole Loranx sgr I/iuacnMon d'Athćnes. JHistoire de roratson funćbre dans la t ctte clas-stque * (a paraitre), je mc fais un dcvoir non pas i ant dc lcs signalcr h Tattcntion des Jectcurs (puisqu’aussi bien cc sont des ćtudes qui sc slgnalent par cllcs-mćmcs) mais surtout de dirc combien jc leur dois. ici et ailleurs; d*exprhner aussi ma grntitudc pour Pamitić avec laqucllc leur auteur m’en a informćc. Jc dois dire, par ailleurs, que jc donne parfaitement raison a Nicole Loraux dc souligner a la fois la continnitć ct les ruptures dc rimaglnaire dc la mort « politiquc * athćniennc par rapport ii 1‘ldćal hćroiqnc (cf. surtout Mourir devaut Trote..., cit.); si j’ai choisb pour mon compte, d’cn souligner d’abord 1’oppositlon. c*cst uniqucincnt parce quc mon argument sc situe dans un plan cn qnclqnc sortc diffćrcnt que ses aualyses.

14 V. tnfra, p. et n. 24.

17    Cf. Nicole Loraux. Sur la race des femmes et quelques-uncs dc ses tribus, Arcthnsn, 11* 1978. 1 —2 ct Les mythes d'autochtonie, cit. — ćtnde qui dćgage lcs multiplcs signif f ca tjons dun mythe dont le prćscnt cxposć n’cn retient qu’unc sculc. II nous faut noter aussi avec 1’autcur la complćmentaritć entre 1’abstrait dc la citć une ct indivisiblc des disconrs d’autochtonie ct, sur TAcropoIe. )a procession de la citć solidairc dans sa dWcrsitć : dans la fćtc des Panathenćes comme aussi sur la frise qui la rcprćsente, les femmes retrouvent Icnr place, comme les mćtćqucs aussi. d’ailleurs.

18    V. la dćmonstration du mćme auteur. Socrate contrepotson dc Toraison funćbre. cit-



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